Page 42 - Science d'Hermès
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l'image et le mot est la lumière qui fait apparaître. L'image n'est rien
sans le soleil visible et le mot n'est rien sans l'invisible soleil du Sens
dans le ciel de l'entendement humain.
La Quête alchimique vers l'essence consiste à retrouver en
toutes choses l'essence humaine dans sa réalité immanente, l'éclat
éblouissant dans les ténèbres de la substance. Telle est la vision
iconologique de l'Alchimie, telle est aussi sa prière et son oeuvre.
« Les Saints priaient, écrit Saint-Basile, pour que la contemplation de la
beauté divine s'étende sur l'éternité ». De même, l'Oeuvre alchimique
voudra étendre à l'ensemble de la création l'embrasement
transfigurateur de la lumière divine. « Selon une vieille croyance
populaire, rapporte Paul Evdokimov, l'éclair pénétrant la nuit d'une
huître engendre la perle. L'espace n'a d'existence que par la lumière qui
en fait la matrice de toute vie. C'est en ce sens que la vie et la lumière
s'identifient. La lumière rend tout être vivant en en faisant celui qui est
présent, celui qui voit l'autre et qui est vu par l'autre, celui qui avec et
vers l'autre, existant l'un dans l'autre. » De même, la philosophie
hermétique est moins une philosophie fermée qu'une possibilité
offerte d'aller à la rencontre du monde. « Bien respirer un beau poème,
disait Bachelard, c'est boire l'or astral des alchimistes, c'est retrouver la
respiration cosmique de la vie et de l'âme, inspiration et expiration. »
Aller à la rencontre du monde, c'est devenir ce que nous
découvrons, non plus spectateurs mais acteurs de la dramaturgie
alchimique définie par Antonin Artaud. « Toute figure, écrit
Françoise Bonardel, cachant ce qu'elle feint de montrer, renvoie en fait
le lecteur à l'obligation de devenir le lieu d'où, pour émerger, en tant que
sens transitoire d'éveil, toute forme aurait d'abord à s'immerger,
s'inverser dans le bain (eau mercurielle) où elle subirait la décantation de
ses connotations familières ». Délivré par la méditation mercurielle,
l'esprit humain s'élance avec impétuosité vers les ruisselantes
lumières de l'Esprit-Saint. « De l'image visible, écrit Joseph de
Volokolamsk, l'esprit s'élance vers le divin. Ce n'est pas l'objet (icône
matérielle) qui est vénérée par la Beauté par ressemblance que l'Icône
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