Page 38 - Science d'Hermès
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avec l'Invisible. Leurs traces, leurs proférations sont plus illustres
dans la mémoire de n'importe quel bon Français que les obscures
tractations de notables fugaces, et de « puissants » dont le pouvoir
ne fut jamais que le renoncement à toute véritable puissance
créatrice. La littérature est notre légende dorée, où Albe et Aurore
s’entretiennent à l’infini, car lorsque la société elle-même désavoue
la civilité (qui est d'essence surnaturelle) la civilisation se réfugie
dans l'âme des poètes en l'attente de temps meilleurs. Telle fut aussi
la leçon du Roi Dormant de Henry Montaigu,- le plus taoïste, car le
plus français, des écrivains de France. La Tradition, fondatrice de
civilisation, demeure le Principe mais la « société » s'étant
substituée à la civilisation, celle-ci demeure comme une vertu
cachée, une aube secrète, aux feuilles encore repliées dans la
conscience ésotérique du pressentiment. Rien n'empêche, pour
autant, que nous devenions invisibles comme les sages taoïstes,
afin que nous puissions ramener, de l'Invisible dans le visible,
d’Albe en Aurore, la Gloire des plus hautes possibilités humaines
et surhumaines.
4. L'œil de la colombe
Le corpus alchimique n'est pas moins remarquable par son
iconographie que par ses écrits. Bien souvent, l'image, moins
contrainte à la linéarité didactique délivre un message d'une plus
grande plénitude que les traités qu'elle illustre et qui ne sont pas
toujours le fait de grands écrivains. Lorsqu'un Clovis Hesteau de
Nuysement ou un O.V. de L. Milosz s'emparent de la songerie
alchimique, les oeuvres qui en sont la conséquence font vivre et
vibrer la teneur philosophale jusqu'au point où elle s'impose
comme une connaissance, une gnose, à l'entendement du lecteur.
Mais souvent les traités d'Alchimie paraissent alambiqués et
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