Page 47 - Science d'Hermès
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et invariables que l'assurance d'une bourgeoisie, à l'aube de ses
plus lucratives conquêtes techniques, projetait sur le monde. Nous
avons compris, depuis, que la matière recèle les secrets d'une
« vérité » et d'une « unicité » dont le Vedantâ et Leibniz avaient
pressenti les opérations subtiles dans tous les ordres de la réalité
intérieure ou extérieure. Les visions de Hildegarde de Bingen ou de
Rumî nous avaient déjà donné à pressentir que la lumière entrait
dans la constitution la plus essentielle de la matière. Or, nous disent
aujourd'hui les physiciens, la lumière ne serait que de la matière
morte. C'est donc à bon escient que les alchimistes sont à l'affût de
« l'étincelle d'or » enclose dans les tréfonds de la matière. L'étude et
la contemplation de la lumière, la tentative sans cesse réitérée d'en
pénétrer les arcanes demeure d'actualité. A ne point oublier la
nécessaire dépendance de la théorie de la lumière, de l'œil qui
perçoit la lumière et de la lumière elle-même, dans son
inconnaissable profondeur étrangère à l'humain, nous revenons,
avec l'Alchimie à la science (née du regard « stéréoscopique » ou
« panoramique », pour reprendre les mots de Jünger) qui n'a
d'autre dessein que de modifier notre entendement dans le sens du
plus profond bonheur et de la plus grande richesse.
Le « scientifique », encore imbu des catégories du siècle
précédent, ne manquera pas d'objecter que l'on ne sait jamais, dans
les traités d'Alchimie, si la lumière est la lumière physique ou la
lumière métaphysique et que cette incertitude interdit l'approche
scientifique des phénomènes décrits. Mais en logique philosophale,
cette objection ne tient pas car, dans ses approches à angle variable,
symbolisées par le « feu tournant », l'objet et le sujet, comme dans
un ballet, se disposent en figures tournoyantes dont chacune, selon
des lois chorégraphiques précises, est tour à tour objet et sujet de
l'autre, selon qu'elle définit à tel ou tel moment le centre de
gravitation du mouvement en cours. La musique baroque figure
assez bien les trajectoires propres à la logique alchimique et sans
doute à la logique de l'univers lui-même dont on s'aperçoit de plus
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