Page 34 - Science d'Hermès
P. 34

entraînent jusqu'au pur éther dans une ferveur ascendante qui
ordonne autour d'elle les paysages qu'elle parcourt selon des
mesures analogiques.

      Pour les alchimistes, ces mesures se retrouvent au coeur même
de la matière car l'éther n'est autre que l'essence la plus subtile de
chaque élément. Au plus subtil et au plus ardent, la terre est éther,
l'eau est éther, le feu est éther, l'air est éther. L'énumération
traditionnelle des éléments dans les plus anciens traités d'Alchimie
ne mentionne que quatre éléments, à l'exclusion de l'éther,- mais
l'éther qui survient dans les traités plus récents n'est pas un ajout,
mais une précision apportée à des conceptions invariables. Le
subtil et le grossier, l'âme et le corps, ne sont pas scindés mais
distincts, et cette distinction suscite une tension, une dynamique où
se révèle la vocation humaine. Aller du plus grossier, du plus lourd,
du plus corporel au plus subtil, au plus léger et au plus spirituel,-
c'est un appel auquel il est possible de ne pas répondre, - et tel est
précisément le libre arbitre de l'homme et le sens de sa grandeur
lorsqu'il décide de répondre à la vocation du Haut. Demeurer
esclave ou se rendre libre, chaque être humain est un jour confronté
de façon explicite à ce dilemme. « En fait, toutes ces distinctions, écrit
M.M Davy, se ramènent à deux: ce qui est avant la maturité, c'est-à-dire
les différentes étapes de la maturité elle-même; la maturité correspondant
à l'or et les étapes qui précèdent désignant les divers processus de fusion.
La maturation est une purification, un progrès en voie d'achèvement; la
démarche se fait en allant de l'inauthentique à l'authentique. L'amour
peut concorder avec la nature, de la même manière que la couleur de l'or
concorde avec la véritable nature de l'Or. L'anti-thèse chair-esprit
comporte un dynamisme déterminant la vocation de l'homme. »

      Les Modernes, lorsqu'ils récusent la sainteté de l'Esprit, et
l'immortalité de l'âme, si familières aux civilisations traditionnelles,
se réclament volontiers d'un monisme qui, réduit à lui-même, nie
la multiplicité des états de l'être et aboutit, fatalement, à la plus
navrante uniformité. L'appel de l'Esprit-Saint, son irradiation

                                                                      34
   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39