Page 13 - Science d'Hermès
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témoignent à l'évidence d'une Surnature.
Une réalité blasonnée
« Les hommes vont de multiples chemins, écrit Novalis, celui qui
les suit et qui les compare verra naître des figures qui semblent appartenir
à cette grande écriture chiffrée qu'on entrevoit partout: sur les ailes, la
coquille des oeufs, dans les nuages, dans la neige, dans les cristaux et dans
la conformation des roches, sur les eaux qui se prennent en glace, au-
dedans et au-dehors des montagnes, des plantes, des animaux, des
hommes, dans les lumières du ciel, sur les disques de verre et les plateaux
de résine qu'on a touchés et frottés, dans les limailles autour de l'aimant
et dans les conjonctures singulières du hasard. On pressent que là est la
clef de cette écriture merveilleuse, sa grammaire même... » L'Alchimie est
l'art de rendre à de tels aperçus la dignité d'une connaissance
absolue, d'une gnose. Ces éclaircies de l'âme et de l'être qui, dans la
vie quotidienne, sont passagères, furtives, au point d'en être
presque indiscernables, l'Alchimie va, au contraire, leur conférer la
plus haute importance, au point d'en faire le point de référence de
toute aventure humaine digne d'être vécue. Délivré du
déterminisme qui voue à produire et à se reproduire selon une
logique purement économique, l'Alchimiste renouvelle
l'expérience humaine en supposant un accord grandiose entre
l'homme et le monde divin. Cet accord sera le principe de toutes les
partitions alchimiques.
Or, toute partition suppose une clef, et toute clef, dès lors que
l'on s'aventure dans l'ésotérique, suppose un arcane. La discipline
de l'arcane que respectent les oeuvres alchimiques, a suscité
d'innombrables malentendus. Il s'agit moins de garder par devers
soi des informations qui, malencontreusement divulguées, eussent
déclenchés des catastrophes, que de respecter la nature du secret
en lui-même. René Guénon distingue, à juste escient, dans l'ordre
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